Il y eut Dolly, la brebis clonée par une équipe scientifique écossaise en 1996. Il y a désormais Holly, un poisson « semi-cloné » par une équipe scientifique singapourienne. Le 17 octobre dernier, le professeur Hong Yunhan et deux de ses assistants du Département de biologie de l’Université nationale de Singapour ont présenté aux médias les résultats de leurs expérimentations, soulignant que leurs travaux ouvraient potentiellement la voie à un traitement de la stérilité chez l’être humain.
Selon deux spécialistes en théologie morale de Singapour interrogés par l’agence Ucanews (1), le dominicain David Garcia et le P. James Yeo, le « semi-clonage » de Holly ne pose pas en soi de problème éthique particulier dès lors que les chercheurs limitent leurs travaux à l’animal et cherchent par cette voie à comprendre certains mécanismes liés au fonctionnement des cellules. Toutefois, les deux théologiens précisent qu’il en irait tout autrement si ces recherches étaient utilisées chez l’homme, comme l’envisage le professeur Hong, qui a par ailleurs souligné qu’il faudrait de nombreuses années avant de passer de Holly à une expérimentation sur des cellules reproductrices humaines.
Holly, qui est une médaka, espèce de poissons fréquemment utilisée en laboratoire, est aujourd’hui âgée de 15 mois et compte déjà une centaine de descendants, qui se reproduisent normalement et sont en bonne santé. La percée scientifique du professeur Hong et de son équipe consiste en la réussite d’un « semi-clonage »: Holly est un semi-clone en ceci qu’elle n’est pas l’exacte copie du parent dont elle est issue; les chercheurs ont pris l’ovule d’un poisson et le sperme d’un autre poisson; les cellules spermatiques ont été bombardées aux rayons ultraviolets pour en retirer l’ADN et ont ensuite été utilisées pour féconder l’ovule; l’œuf ainsi obtenu ne comportant que l’ADN issu de l’ovule, les cellules, dites haploïdes, issues de cet œuf ont été combinées avec un ovule d’un autre poisson, pour finalement produire Holly (2). Les recherches à travers le monde pour obtenir un être vivant de cette manière avaient débuté dès 1983 mais, face à des échecs répétés, la plupart des équipes scientifiques avaient abandonné cette voie. Le professeur Hong a expliqué son succès par la persévérance, ne cachant pas qu’il faudrait encore dix ans avant d’envisager un transfert de cette technique à l’homme mais soulignant que c’était là une voie prometteuse car, contrairement au clonage, le semi-clonage permet de générer un être vivant distinct de son parent.
Pour le P. James Yeo, le travail en laboratoire sur des plantes ou des animaux en matière de clonage n’est pas contraire à l’éthique en soi. « Les techniques mises au point deviennent contraire à l’éthique dès lors qu’il peut être montré que les plantes et les animaux ainsi clonés représentent une menace pour l’homme ou bien constituent un danger pour l’environnement », explique-t-il. Si ces techniques sont utilisées sur l’homme directement, il en va tout autrement: l’Eglise catholique enseigne en effet que tout travail de clonage ou de semi-clonage à partir de l’être humain fait de la personne un matériau et constitue ainsi une violation de sa dignité intrinsèque, précise-t-il encore.
Selon le P. David Garcia, l’extension du semi-clonage à l’espèce humaine ne peut être envisagée sereinement du point de vue éthique, tout simplement car elle implique que la conception d’un être humain, même doté du patrimoine génétique de sa mère et de son père, est menée de manière artificielle, « tout comme cela se passe lors d’une fécondation in vitro, procédé que l’Eglise considère comme éthiquement mauvais et moralement illicite ».
Pour Mgr John Chew, archevêque anglican de Singapour et président du Conseil national des Eglises de Singapour, les recherches sur les animaux en vue d’étudier les maladies et les moyens de les soigner peuvent être prometteuses, mais elles ne doivent pas faire l’économie d’une réflexion éthique approfondie dès lors qu’elles sont étendues à l’homme et sont susceptibles de remettre en cause le sens naturel de la filiation.
A Singapour, dont le gouvernement a fait du développement de la recherche médicale et des biotechnologies un des moteurs de l’avenir économique de la cité-Etat, le professeur Lim Pin, président du Comité consultatif de bioéthique de Singapour, a déclaré dans les médias que le semi-clonage demeurait une forme de clonage et qu’à ce titre, son éventuelle utilisation sur un être humain devait au préalable faire l’objet d’un accord officiel.
(1) Ucanews, 22 octobre 2009
(2) Une cellule biologique est haploïde (du grec aploos, simple et eidos, en forme de) lorsque les chromosomes qu’elle contient sont chacun en un seul exemplaire (n chromosomes). Le concept est généralement à opposer à diploïde, terme désignant les cellules avec des chromosomes en double exemplaire (2n chromosomes). Chez les humains, et la plupart des animaux, la phase haploïde (n) est très réduite. Elle correspond à la formation des gamètes: spermatozoïde ou ovule. L’organisme (le corps) se développe en phase diploïde (2n): les cellules contiennent chacune les chromosomes en double exemplaire.
(Source: Eglises d'Asie, 22 octobre 2009)
Selon deux spécialistes en théologie morale de Singapour interrogés par l’agence Ucanews (1), le dominicain David Garcia et le P. James Yeo, le « semi-clonage » de Holly ne pose pas en soi de problème éthique particulier dès lors que les chercheurs limitent leurs travaux à l’animal et cherchent par cette voie à comprendre certains mécanismes liés au fonctionnement des cellules. Toutefois, les deux théologiens précisent qu’il en irait tout autrement si ces recherches étaient utilisées chez l’homme, comme l’envisage le professeur Hong, qui a par ailleurs souligné qu’il faudrait de nombreuses années avant de passer de Holly à une expérimentation sur des cellules reproductrices humaines.
Holly, qui est une médaka, espèce de poissons fréquemment utilisée en laboratoire, est aujourd’hui âgée de 15 mois et compte déjà une centaine de descendants, qui se reproduisent normalement et sont en bonne santé. La percée scientifique du professeur Hong et de son équipe consiste en la réussite d’un « semi-clonage »: Holly est un semi-clone en ceci qu’elle n’est pas l’exacte copie du parent dont elle est issue; les chercheurs ont pris l’ovule d’un poisson et le sperme d’un autre poisson; les cellules spermatiques ont été bombardées aux rayons ultraviolets pour en retirer l’ADN et ont ensuite été utilisées pour féconder l’ovule; l’œuf ainsi obtenu ne comportant que l’ADN issu de l’ovule, les cellules, dites haploïdes, issues de cet œuf ont été combinées avec un ovule d’un autre poisson, pour finalement produire Holly (2). Les recherches à travers le monde pour obtenir un être vivant de cette manière avaient débuté dès 1983 mais, face à des échecs répétés, la plupart des équipes scientifiques avaient abandonné cette voie. Le professeur Hong a expliqué son succès par la persévérance, ne cachant pas qu’il faudrait encore dix ans avant d’envisager un transfert de cette technique à l’homme mais soulignant que c’était là une voie prometteuse car, contrairement au clonage, le semi-clonage permet de générer un être vivant distinct de son parent.
Pour le P. James Yeo, le travail en laboratoire sur des plantes ou des animaux en matière de clonage n’est pas contraire à l’éthique en soi. « Les techniques mises au point deviennent contraire à l’éthique dès lors qu’il peut être montré que les plantes et les animaux ainsi clonés représentent une menace pour l’homme ou bien constituent un danger pour l’environnement », explique-t-il. Si ces techniques sont utilisées sur l’homme directement, il en va tout autrement: l’Eglise catholique enseigne en effet que tout travail de clonage ou de semi-clonage à partir de l’être humain fait de la personne un matériau et constitue ainsi une violation de sa dignité intrinsèque, précise-t-il encore.
Selon le P. David Garcia, l’extension du semi-clonage à l’espèce humaine ne peut être envisagée sereinement du point de vue éthique, tout simplement car elle implique que la conception d’un être humain, même doté du patrimoine génétique de sa mère et de son père, est menée de manière artificielle, « tout comme cela se passe lors d’une fécondation in vitro, procédé que l’Eglise considère comme éthiquement mauvais et moralement illicite ».
Pour Mgr John Chew, archevêque anglican de Singapour et président du Conseil national des Eglises de Singapour, les recherches sur les animaux en vue d’étudier les maladies et les moyens de les soigner peuvent être prometteuses, mais elles ne doivent pas faire l’économie d’une réflexion éthique approfondie dès lors qu’elles sont étendues à l’homme et sont susceptibles de remettre en cause le sens naturel de la filiation.
A Singapour, dont le gouvernement a fait du développement de la recherche médicale et des biotechnologies un des moteurs de l’avenir économique de la cité-Etat, le professeur Lim Pin, président du Comité consultatif de bioéthique de Singapour, a déclaré dans les médias que le semi-clonage demeurait une forme de clonage et qu’à ce titre, son éventuelle utilisation sur un être humain devait au préalable faire l’objet d’un accord officiel.
(1) Ucanews, 22 octobre 2009
(2) Une cellule biologique est haploïde (du grec aploos, simple et eidos, en forme de) lorsque les chromosomes qu’elle contient sont chacun en un seul exemplaire (n chromosomes). Le concept est généralement à opposer à diploïde, terme désignant les cellules avec des chromosomes en double exemplaire (2n chromosomes). Chez les humains, et la plupart des animaux, la phase haploïde (n) est très réduite. Elle correspond à la formation des gamètes: spermatozoïde ou ovule. L’organisme (le corps) se développe en phase diploïde (2n): les cellules contiennent chacune les chromosomes en double exemplaire.
(Source: Eglises d'Asie, 22 octobre 2009)