Eglises d’Asie, 7 septembre 2010 – Le 25 août dernier, Teo Nie Ching, députée à la Chambre des représentants (Parlement fédéral), a visité une salle de prière (surau) musulmane située à Kajang, dans l’Etat de Selangor. Invitée par le chef religieux du lieu, elle y est entrée tête nue et y a donné un court discours à propos de la politique des autorités malaisiennes en matière d’éducation. Le surlendemain, un quotidien de langue malaise, Utusan Malaysia, publiait en première page une photo de la parlementaire, qui est de religion chrétienne, pour s’indigner de la présence d’une non-musulmane dans un lieu de culte musulman.
Le 5 septembre, la polémique a pris de l’ampleur lorsque le Premier ministre Najib Razak a ajouté à la controverse en déclarant que Teo Nie Ching avait enfreint un décret du Conseil national des fatwas de mars dernier, stipulant que les non-musulmans ne doivent pénétrer dans une mosquée que s’ils sont correctement vêtus et la tête couverte. Le Premier ministre s’exprimait à l’occasion de la rupture du jeûne du ramadan. Il a souligné que même les non-musulmans se devaient de respecter ce décret et a ajouté que Teo Nie Ching avait en outre commis une deuxième offense: « Elle y a prononcé un tazkirah (sermon). Seuls les musulmans peuvent prendre la parole dans les mosquées ou les surau pour prononcer un tazkirah. Si un non-musulman entre dans une mosquée et commence à donner un tazkirah à des musulmans, il commet un acte contraire à l’enseignement du Prophète. »
Agée de 29 ans, Teo Nie Ching est issue d’une famille de la minorité chinoise de Malaisie. Benjamine du Parlement fédéral, elle y a été élue en 2008, lors des dernières élections, qui ont vu la coalition au pouvoir perdre la majorité des deux tiers. Issue d’une famille engagée en politique, elle appartient au DAP (Democratic Action Party), parti dominé par la minorité chinoise et membre de la coalition d’opposition du Pakatan Rakyat (‘Alliance populaire’), dont les deux autres principales composantes sont le PKR et le PAS (1). Elle détient le siège attaché à la circonscription de Serdang, dans l’Etat de Selangor.
Avocate de formation, la jeune députée s’est dans un premier temps déclaré « désolée » des remous causés par sa visite à la surau Al-Huda de Kajang, puis, ayant appris qu’à la suite de sa visite, le comité directeur de la surau avait été relevé par le Conseil islamique de l’Etat de Selangor, elle a exprimé son embarras et présenté ses excuses au sultan de Selangor. A l’attention de son parti et de la communauté chinoise, elle a également exprimé ses regrets, expliquant que, dans l’opinion malaise, le DAP avait longtemps été perçu comme un parti « chinois, chauvin et communiste » et que son geste venait ruiner des années d’efforts des dirigeants du DAP pour démentir ces préjugés.
Dans un deuxième temps, Teo Nie Ching est revenue, non sur ses excuses, mais sur les remords qu’elle avait exprimés. « Je suis allée (à la surau Al-Huda) avec des intentions pures. Je n’ai pas le sentiment d’avoir commis quelque chose de mauvais », a-t-elle déclaré, ajoutant que ce sont les encouragements et les messages de soutien reçus de la part des principaux leaders du Pakatan Rakyat ainsi que d’une foule d’internautes qui l’ont amené à se ressaisir. « J’ai été particulièrement touché de du message de soutien envoyé par Abdul Nik Aziz », a-t-elle ajouté, à propos de celui qui est le conseiller spirituel du PAS, le principal parti islamique de Malaisie.
Selon Teo Nie Ching, la polémique autour de sa visite à la surau a été montée en épingle par l’UMNO et le quotidien Utusan Malaysia dans l’unique but de créer une controverse à caractère religieux. Le Premier ministre Najib Razak a succédé à Abdullah Badawi après le revers essuyé par la coalition majoritaire, le Barisan Nasional, lors des élections parlementaires de 2008. Depuis, il tente de se bâtir une image de modéré, en renonçant aux aspects les plus extrêmes de la politique pro-malaise de son prédécesseur, mais il doit néanmoins veiller à ne pas perdre son électorat malais, donc musulman.
(1) Le PKR (Parti Keadilan Rakyat), formé en 2003 de la fusion entre le National Justice Party et le Malaysian People’s Party, est passé de 1 à 31 sièges à la faveur des élections de 2008. Dominé par Anwar Ibrahim, chef de file de la coalition d’opposition, le PKR se situe au centre de l’échiquier politique, avec un fort accent en faveur de la justice sociale et contre la corruption et pour une approche de la politique économique qui ne tienne plus compte de l’appartenance ethnique (réforme de la New Economic Policy).
Le PAS (Pan-Malaysian Islamic Party, ou Parti Islam Se-Malaysia) s’affiche comme un parti islamique, désireux de construire la Malaisie sur la base de l’islam et du droit islamique. Il compte 23 sièges à la Chambre des représentants.
Le PAS, le PKR et le DAP forment la coalition d’opposition, qui contrôle les Etats de Kelantan, Kedah, Selangor et Penang.
(Source: Eglises d'Asie, 7 septembre 2010)
Le 5 septembre, la polémique a pris de l’ampleur lorsque le Premier ministre Najib Razak a ajouté à la controverse en déclarant que Teo Nie Ching avait enfreint un décret du Conseil national des fatwas de mars dernier, stipulant que les non-musulmans ne doivent pénétrer dans une mosquée que s’ils sont correctement vêtus et la tête couverte. Le Premier ministre s’exprimait à l’occasion de la rupture du jeûne du ramadan. Il a souligné que même les non-musulmans se devaient de respecter ce décret et a ajouté que Teo Nie Ching avait en outre commis une deuxième offense: « Elle y a prononcé un tazkirah (sermon). Seuls les musulmans peuvent prendre la parole dans les mosquées ou les surau pour prononcer un tazkirah. Si un non-musulman entre dans une mosquée et commence à donner un tazkirah à des musulmans, il commet un acte contraire à l’enseignement du Prophète. »
Agée de 29 ans, Teo Nie Ching est issue d’une famille de la minorité chinoise de Malaisie. Benjamine du Parlement fédéral, elle y a été élue en 2008, lors des dernières élections, qui ont vu la coalition au pouvoir perdre la majorité des deux tiers. Issue d’une famille engagée en politique, elle appartient au DAP (Democratic Action Party), parti dominé par la minorité chinoise et membre de la coalition d’opposition du Pakatan Rakyat (‘Alliance populaire’), dont les deux autres principales composantes sont le PKR et le PAS (1). Elle détient le siège attaché à la circonscription de Serdang, dans l’Etat de Selangor.
Avocate de formation, la jeune députée s’est dans un premier temps déclaré « désolée » des remous causés par sa visite à la surau Al-Huda de Kajang, puis, ayant appris qu’à la suite de sa visite, le comité directeur de la surau avait été relevé par le Conseil islamique de l’Etat de Selangor, elle a exprimé son embarras et présenté ses excuses au sultan de Selangor. A l’attention de son parti et de la communauté chinoise, elle a également exprimé ses regrets, expliquant que, dans l’opinion malaise, le DAP avait longtemps été perçu comme un parti « chinois, chauvin et communiste » et que son geste venait ruiner des années d’efforts des dirigeants du DAP pour démentir ces préjugés.
Dans un deuxième temps, Teo Nie Ching est revenue, non sur ses excuses, mais sur les remords qu’elle avait exprimés. « Je suis allée (à la surau Al-Huda) avec des intentions pures. Je n’ai pas le sentiment d’avoir commis quelque chose de mauvais », a-t-elle déclaré, ajoutant que ce sont les encouragements et les messages de soutien reçus de la part des principaux leaders du Pakatan Rakyat ainsi que d’une foule d’internautes qui l’ont amené à se ressaisir. « J’ai été particulièrement touché de du message de soutien envoyé par Abdul Nik Aziz », a-t-elle ajouté, à propos de celui qui est le conseiller spirituel du PAS, le principal parti islamique de Malaisie.
Selon Teo Nie Ching, la polémique autour de sa visite à la surau a été montée en épingle par l’UMNO et le quotidien Utusan Malaysia dans l’unique but de créer une controverse à caractère religieux. Le Premier ministre Najib Razak a succédé à Abdullah Badawi après le revers essuyé par la coalition majoritaire, le Barisan Nasional, lors des élections parlementaires de 2008. Depuis, il tente de se bâtir une image de modéré, en renonçant aux aspects les plus extrêmes de la politique pro-malaise de son prédécesseur, mais il doit néanmoins veiller à ne pas perdre son électorat malais, donc musulman.
(1) Le PKR (Parti Keadilan Rakyat), formé en 2003 de la fusion entre le National Justice Party et le Malaysian People’s Party, est passé de 1 à 31 sièges à la faveur des élections de 2008. Dominé par Anwar Ibrahim, chef de file de la coalition d’opposition, le PKR se situe au centre de l’échiquier politique, avec un fort accent en faveur de la justice sociale et contre la corruption et pour une approche de la politique économique qui ne tienne plus compte de l’appartenance ethnique (réforme de la New Economic Policy).
Le PAS (Pan-Malaysian Islamic Party, ou Parti Islam Se-Malaysia) s’affiche comme un parti islamique, désireux de construire la Malaisie sur la base de l’islam et du droit islamique. Il compte 23 sièges à la Chambre des représentants.
Le PAS, le PKR et le DAP forment la coalition d’opposition, qui contrôle les Etats de Kelantan, Kedah, Selangor et Penang.
(Source: Eglises d'Asie, 7 septembre 2010)